conception graphique et réalisation du site : Gwen Tual

        Évoluant dans deux univers  musicaux éloignés dans le  style et dans le temps,  Gwen Tual, à la guitare (blues, flamenco,...)  et  Nathalie Le Gaouyat, à la viole de gambe  (musiques dites «anciennes») se sont rencontrés en 2011 ;  de cette rencontre et de cette amitié est né ce métissage ;



                                


    
  Et si les musiques de Marin Marais évoquaient

                    des harmonies  flamencas... ?

                                

                              

   C'est par cette question  que les deux musiciens  ont commencé leur voyage, du XVIème siècle à nos jours ; l'histoire commence en Espagne, berceau de la viole de gambe et de la guitare :










                     




La viole de gambe et la guitare flamenca




         Née au XVème s. en Espagne, la vihuela a mano est  l'ancêtre de la guitare. Lorsque l'on y rajoute l'archet, on parle alors de vihuela con arco (future viole de gambe).  On voit donc encore nouées autour du manche de la viole les frettes de boyau , qui donnent cette sonorité particulière à l'instrument ;  sur la guitare les dites frettes ont évolué en barrettes métalliques.  Les deux instruments sont accordés en quarte avec une tierce au centre, ce qui permet de jouer facilement en accord.

      La viole de gambe va se développer en une grande famille (du dessus de viole à la contrebasse de viole) et se répandre progressivement dans toute l'Europe jusqu'à son apogée, au  XVIIIème s. Puis, elle amorce son déclin (dû à l'évolution de l'écriture musicale), sans toutefois tomber dans un oubli total !

   

Quant à la guitare, que l'on connaît mieux, elle évolue encore aujourd'hui, dans tous les styles, à travers les pays, et les époques. Quelques dérivés à l'époque baroque : le luth, archiluth, théorbe....


« ...plusieurs auteurs (qui n'ont pas eu connaissance de ce qui s'est passé devant le Déluge) veulent que le premier instrument qui a paru au monde soit une lyre à trois cordes faites par Mercure L’Égyptien, sur le modèle d'une tortue qu'il trouve sur le rivage du Nil après un débordement. Cette tortue étant décharnée et desséchée, il ne lui restait que quelques nerfs tendus, que Mercure toucha du doigt, et dont il tira quelques sons. » (J.J. Rousseau, traité de la viole.1687)




Le Répertoire

      Au XVIème siècle, il était fréquent déjà, de prendre le thème d'une chanson ou d'un air et de le varier à l'infini.
En France, on les nomme « variations sur le thème.... », en Italie « Recercada » ou « ricercare », en Espagne « Différencias sobre.... ».

Les dits thèmes voyagent avec les compositeurs et  les musiciens à travers l'Europe ;

Il y a, par exemple,  le thème de «  Guardame las vacas », «  la Gamba »,  et autres chansons italiennes....

     C'est ainsi que nous retrouvons le thème des « Folies »  ou « Folia » en Espagne, en France, en Italie, en Angleterre...à différentes époques.


     Le thème des « Folies d'Espagne » ou « Folia » apparaît dès le XVIème siècle. Très souvent joué sur la vihuela, son engouement fut tel, que les « folies » ont largement  dépassé les frontières ibériques. En Europe,  au XVIIème siècle,  son rythme fut nettement modéré et assagi, pour adopter le tempo d’une passacaille,  (danse espagnole lente et solennelle composée d’un thème et de variations plus ou moins nombreuses).

      Au milieu du XVIIème siècle, lors des concerts, les musiciens  jouaient très souvent des variations sur les folies, écrites par différents compositeurs : Corelli, Lully, Couperin, Kapsberger, d'Anglebert, Frescobaldi, Sanz, Pasquini, Scarlatti, Vivaldi,  Marais,  Bach, Sor ... puis plus tard : Liszt, Rachmaninov, Ponce, Vangelis...


      Ainsi que les folies, on trouve  en Espagne d'autres danses de même style et même carrure : les sarabandes.

      Au XVIIème siècle c'est aussi l'engouement  pour les passacailles et les chaconnes, (et le fandango ) : ces thèmes sont construits sur le principe de l'ostinato  (motif thématique assez court -de 6 à 8 mesures- répété à la basse)

  

  « La Sarabande est venue des Sarrasins, aussi bien que la chaconne. Elle a été ainsi nommée, selon quelques-uns, à cause d’une comédienne appelée Sarabanda qui la dansa la première en France. Quelques-uns, croyant que ce mot vient de “sarao”, qui en espagnol signifie “bal”. On la danse ordinairement au son de la guitare ou des castagnettes ».
Antoine Furetière,
Dictionnaire, 1690                                        


      

     Le flamenco est un art gitan-andalou, né en Espagne, au XVIème s. dans un quartier de Séville où des poètes et des musiciens auraient trouvé refuge ; fruit d'un mélange culturel arabe, juif et andalou, c'est initialement un chant, racontant le passé et le vécu de tout un peuple, les souffrances, l'exode et les privations. Par la suite, on y ajoute la danse, puis la guitare pour accompagner ces chants.
      Nous avons trouvé intéressant la similitude entre certains Préludes de Marin Marais (1656-1728) et le flamenco ; le prélude baroque peut être plaintif, évoquant la douleur, la colère et autres souffrances.... expressions que l'on retrouve dans les chants flamencos.
 

«  ...je dis que les premiers hommes s'estant attachez à imiter la Voix humaine par l'artifice de plusieurs instruments faits de differentes manieres, cherchoient sans doute celuy qui l'imiteroit mieux, & comme on ne peut contester que jamais Instrument n'en a approché de plus près que la Viole, qui ne differe seulement de la Voix humaine qu'en ce qu'elle n'articule pas les paroles,... »
Jean Rousseau, Traité de la viole, 1687.

     

        La technique de la guitare flamenca est complexe et  virtuose. Le rythme caractéristique du flamenco  est très percussif,  avec des battements donnés sur la table d'harmonie de l'instrument. C'est un instrument fabriqué avec des bois de lutherie spécifique (cyprès et épicéa),  qui donne une sonorité plus sèche, facilitant la clarté rythmique.

   


       Les compositions de Gwen Tual, complètent ce tableau aux couleurs espagnoles,
Le travail de composition a toujours été essentiel pour le guitariste, et quoi de plus merveilleux pour une violiste,  jouant des pièces du XVIIème siècle,  de « musiquer »  enfin en compagnie du compositeur !